Sur la grande place, le petit être se démenait afin de ne pas être transformé en un repas frugal d’un loup féroce. Il n’imagina pas lorsqu’il se moqua du loup, devoir fuir un loup vexé, qui de plus ne manquerait pas l’occasion de transformer l’importun petit être, en un repas de gourmet. Il sentait toujours cette odeur visqueuse de bave traîner derrière lui, et le bruit irritant et tout aussi terrifiant de la mâchoire de l’animal. Tout cela constituait en fait une véritable psychose pour le petit être. Ce qu’il avait pris pour un jeu, prenait une dimension terrifiante. De même que la pensée de sa mort prochaine obstruait un peu sa vision, il se rendait compte assez vite d’un fait : Il ne tiendrait pas cette allure très longtemps. Il devrait trouver un stratagème pour sauver sa vie. L’instinct de survie était à présent son seul sentiment. La peur, intime, obstruait tous ses sens et ses idées. Pris sur le cours, les idées avaient du mal à circuler librement dans son esprit. La mâchoire de l’animal fut toute proche du petit être, et, durant un temps très court, le petit être se crut mort, dévoré par un loup affamé. Toute l’excitation qu’il avait accumulée durant la folle poursuite circula dans l’air sous la forme de petites rigoles de sueur. Un bruit sourd le réveilla de sa torpeur morbide, l’animal en poursuivant le petit être avait percuté un objet. Il rouvrit les yeux.
Le loup venait de percuter une statue, qui fut brisé au sol en plusieurs gros morceaux.
Louis venait tout juste de les rattraper, et eut l’occasion de constater les dégâts sur place. Le loup, fut sonné. En outre, de la mousse bleue voyageait sur le bout de sa truffe. Louis était à présent à quelques mètres seulement de son loup, et de sa proie. Le petit être avait un instant de répit mais il savait bien que la folle poursuite reprendrait très vite, de sorte qu’il n’eut pas le temps de méditer. Il reprit sa course sur l’ancienne place, il eut à réfléchir très vite quant à une stratégie qui lui sauverait la vie.